Le paillage peut être une aide appréciable, mais il n'est pas une solution miracle. J'ai été un des premiers en France à utiliser la toile hors-sol en fibres tissées. Après plus de 30 ans d'utilisation, quelques conseils : utiliser que les toiles de 135 g le m2 (plus léger, certaines herbes la traverseront), ne piquer jamais la toiler pour l'ancrer (sa longévité sera réduite de moitié), déposer des pierres pour la tenir. Passer régulièrement un souffleur pour éviter le dépôt de terre, de sable ou de poussière (très favorable à la germination de toute sorte de graines indésirables. Et surtout, passer régulièrement une débroussailleuse à fil le long de la bâche (si non, en six mois la bâche peut être recouverte et les mauvaises herbes adorent s'y enraciner).
La première photo montre un paillage de framboisiers avec une toile tissée et du BRF au colet. Cette toile peut être enlevée au bout de quatre à cinq ans et utilisée ailleurs. La seconde photo montre une interligne qui a été couverte temporairement par une toile tissée durant six mois d'octobre à avril avant que cet interligne soit semé en sarrazin et vesce. Vous pouvez constater l'action très efficace du sarrazin contre le chiendent et l'apport non négligeable de résidus pailleux
Le paillage d'une durée de six mois ameublit considérablement le sol.
Un tas de branchage, que vont rapidement recouvrir les ronces, constitue un élément important de la biodiversité en assurant le gite à une faune souvent insoupçonnée.
j'ai passé de longues années à sélectionner les variétés de chaque espèce les plus résistantes aux gelées tardives. Le dérèglement climatique avec ses températures élevées de fin d'hiver et de début printemps a rendu plus fragile tout ce travail. L'implantation au sommet d'un col et des arbustes bénéficiant d'un paillage en bâche tissée sont des éléments qui préservent mieux des gelées. Les dermiers gros dégats datent de 2008. Cette année-là une seule nuit de vent glacial avec des pics à -10°C avait détruit 80% de la récolte. Aujourd'hui, est annoncée une nuit, une seule, très froide avec des températures atteignant -7°C . Les bluets sont résistants jusqu'à -6°C, au-delà? Et j'ai un mauvais présentiment. Dès qu'une récolte s'annonce prometteuse et que je m'apprête à l'immortaliser en la photographiant, une catastrophe se produit (la parcelle de pomme de terre est ravagée par les sangliers, les pommes par la tavelure,...) ... et je voulais prendre en photo les bluets ces jours-ci n'ayant plus connu depuis longtemps un tel nombre de bourgeons fructifères.
Alors que faire?
Première solution : Rien, sinon espérer ou prier pour que les plants résistent. Parfait, si les dégâts sont faibles. Culpabilisante pour le reste de l'année si la récolte est fortement impactée.
Seconde solution : Commander dare dare sur internet toute une panoplie de solutions miracles à l'efficacité en général peu avérée, mais au prix prohibitif que seuls les grands crus classés du vignoble peuvent s'offrir. En espérant que le tout soit livré à temps.
Troisième solution: la résilience. Première étape: un tour à la casse-auto et chez le boucher pour récupérer plaques d'alu et vieux bidons métalliques. Seconde étape : fabrication d'une vingtaine de braséros. Troisième étape : mobilisation d'un stock de vieux journaux et de cartons, tronçonnage d'une vieille palette et de vieux piquets en partie pourri, recensement des vieux tas de bois qui parsèment les parcelles (arbres coupés dans les haies le plus souvent). Seule dépense: un bon gros sac d'allume-feux. Il reste à préparer briquet, chalumeau, masque,termomètre,habils de grand froid pour tenir de 2 h à 7 h par -7°C.
L'histoire d'une nuit assez délirante
il était prévu des températures en pente douce avec une période critique vers 6h du matin avec un -7°C annoncé. A 2 heures, mon vieux termomètre frôlait les -10°C. Panique à bord. J'ai beau me dire qu'il est trop vieux pour être exact, il me faut tenter le tout pour le tout.
Allumer et entretenir 15 feux par -10°C distants parfois d'une centaine de mètres l'un de l'autres n'a rien mais absolument rien à voir avec la mise en route d'un barbecue par 25°c à l'ombre. Bref, je cours pendant plus de 5 heures jusqu'au premiers rayons du soleil.
pour parler vrai, les braséros bricolés n'ont pas été à la hauteur. La station météo de Saâles m'annonce sous abri au centre de la ville du -6,4°C, un ami dans un jardin du -8,8°C. Alors moi en plein vent, au sommet du col? La cata. Je pense avoir tout perdu. Il reste à attendre une dizaine de jours pour mesurer l'ampleur exacte des dégats.
La photo illustre une étude américaine précisant les seuils de résistance au gel en fonction du stade végétatif de la plante. Lors du gel, les variétés étaient au stade 3, voir le dépassaient pour les plus précoces. Bref, les seuils étaient tous dépassés. ... Et pourtant les dégâts furent minimes, voir insignifiants.
Et on commit une erreur grossière, celle qui ne fallait pas faire...
Pomme de terre de montagne
Une histoire de résilence en utilisant du vieux matériel, mais bien adapté, d'usage aisé et d'entretien facile.
Des savoirs-faire ancestraux et améliorés
Ici, une culture de seigle forestier-vesce précède celle de la pomme de terre. Les paysans mennonites en montagne pratiquaient une rotation équivalente voici 120 ans.
Solidarité et partage
Le travail se fait en commun et le partage d'expérience permanent.
Les deux photos ci-dessus montrent la même parcelle l'une en juillet 2021 et celle du bas le 28 avril 2022.
Les mystères de la nature
C'est l'histoire de deux jeunes pommiers. Je les avais repéré côté à côte le long d'un chemin rural au tout début des années 2000. Je les avais planté à plus de 300m l'un de l'autre avant de les greffer un ou deux ans plus tard.
Ils rendirent l'âme après avoir eu la même maladie la même année après 20 ans d'existence.
Le premier, planté à quelques encablures de la maison était un arbre vigoureux avant de développer un chancre européen sur le tronc que rien n'arrêta.
Le second, implanté sur le versant vosgien, en plein vent, connut plus de diificulté. J'ai en mémoire qu'une seule véritable récolte d'une chimère (fruit ne correspondant pas à la variété greffée). Il développa, lui-aussi un chancre.
Histoire de la pire saison connue depuis 40 ans
La récolte s'annonçait prometteuse. Nous avions profité d'une des dernières soirées de liberté pour aller voir le superbe film "L'école du bout du monde". A la sortie, un violent orage venait de s'abattre sur Saint Dié. le bonheur de voir enfin pleuvoir se mua en une pensée lancinante que le pire n'est pas possible. Et pourtant, le pire était arrivé, pas deux kilomètres à l'ouest ou à l'Est, au Sud ou au Nord, non en plein coeur des plantations.
Un quart d'heure, peut-être 20 minutes de petits grelons projetés à 60, voir 80km/heure à travers les filets avaient impacté, fait éclater ou tomber une bonne moitié de la récolte. Sans parler des filets, déchirés sur des dizaines de mètres.
Cette fois, de gros grelons, mais le mal était fait. Plus moyen de regarder les plantations pendant près de 10 jours. Un conseil, si cela vous arrive : partez en vacances.
Des températures jamais connues depuis avril, une sècheresse persistante et un déficit hydrique permanent sans oublier une attaque sans précédent des drosophiles suzukii ont complété le tableau de l'été le plus sombre jamais vécu.
Peut-on imaginer un seul instant entendre un patron dire à ses employés que leurs salaires allaient être emputés de 50 à 75% cette année en raison du réchauffement climatique. Pire que cela risquait de se reproduire une ou deux fois tous les dix ans.
C'est pourtant ce que vivent un nombre sans cesse croissant de paysans, qui épuisés, désabusés et résignés, mettent la clef sous le paillasson sans crier gare.
Les années, qui viennent, vont connaître un véritable effondrement du nombre de paysans.
L'homme existe depuis des dizaines de milliers d'années. Cela fait à peine 140 ans que l'Européen de l'Ouest mange à sa faim. Pour combien de temps encore?
Les politiques de toute part ont abandonné l'exigence de sobriété, de frugalité et de résilience sur l'hôtel ô combien populiste du pouvoir d'achat.
Le prix à payer va être exorbitant.
Alors qu'il aurait suffi d'une politique courageuse et audacieuse (ces deux mots n'existent pas dans le lexique de la politique en France), liant l'alimentation et la santé, faisant de notre agriculture le ciment de notre avenir commun.
La photo représente un des rares moments de bonheur de cet été. Regardez-la bien. Vous y découvrirez pas mal d'abeilles. Les bluets ont permis à des milliers d'abeilles et des centaines d'oiseaux de ne pas mourrir de faim ou de soif.
Floraison des pommiers hautes tiges en montagne
2009
Les pommiers avaient été plantés en 2003
2023
Le jeune garçon et les pommiers 14 ans plus tard
Pas plus bucolique que cette photo
Regardez bien, vous y découvrirez une superbe biche... au milieu de ...jeunes pommiers
septembre 2023
Plants massacrés par centaines, ce n'est du ni à la tempête, ni à la grêle, mais aux blaireaux, lesquels ne se co,tentent pas de dévorer les fruits, mais cassent systématiquement les branches réduisant à néant toute récolte pour trois ou quatre ans.
Aout 2023
Regardez bien les pommes présentes sur ce pommier.
La partie protégée est à droite. A gauche, chevreuils et sangliers ont prélevé plus de 80µ des fruits.
Octobre 2023
. Cett poire, vous ne la trouverez même pas à la table des plus grands chefs. Elle avait été considérée comme disparue pendant plus de 25 ans avant d'être redécouverte chez un vieux curé du Nord de l'Alsace, passionné de variétés de poires.
Elle était servie, cuisinée à la table de LouisXIV. Elle doit son nom à la forme de ses feuilles qui rapelle celle du chêne. Toujours très rare, elle se conserve dans du foin avant d'être cuisinée en janvier, février.
Le pommier majesteux, que vous découvrez à l'arrière plan est un Rambour d'Hiver. Il a été planté en l'an 2000 après coupe d'une plantation d'épicéas. En 2023, il a assuré sa première belle récolte. Les photos du bas illustent trois des quelques 90 variétés cultivées ; "national", "rouge de Pavie" et une belle inconnue. Ces arbres sont sur une parcelle entièrement cloturée. Là où la cloture est absente, corvidés, sangliers, chevreuils et cerfs prélèvent entre 5 et 10 tonnes de pommes par hectare, plus de la moitié de la production cette année. L'an dernier, c'était plus de 80%.
Non, ce n'est pas -encore- de la lavande. Ces magnifiques fleurs mauves sont de la vesce. Légumineuse oubliée, mais particulièrement adaptée, elle présente de nombreux avantages. Elle est tout d'abord extrèmement méllifaire et fleurit à un moment où les abeilles crient famine. Elle constitue un excellent fourrage et développe sur ces racines des nodosités de taille impressionnante capables de fixer quantité d'azote et contribue ainsi à limiter l'effet de serre.
Enfin, si elle est broyée après la mise en graine, le paillis ainsi formé permet de conserver une humidité conséquente au sol. Cela a été la belle découverte de cet été.
La floraison de ce superbe cerisier est particulièrement trompeuse. il n'y aura pas une seule cerise cette année. L'an passé, il a porté plusieurs centaines de kilos de fruits, tous piqués par la mouche. Pour info, la production de cerises en France ne cesse de chuter. Aujourd'hui produire des fruits non piqués, sans traitement est quasi impossible.
Une belle floraison des bluets et puis la gelée. Du jamais vu, des plants tout bruns tout le mois de mai.
impossible de butter les pommes de terre dans de bonnes conditions. La pluie ne cesse de tomber depuis la mi-octobre 2023
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